La mémoire traumatique se réfère à la capacité du cerveau à stocker et à rappeler des souvenirs liés à un événement traumatique. Des études ont montré que les rats traumatisés avaient une augmentation de l’expression de certaines protéines impliquées dans la consolidation de la mémoire, suggérant que la mémoire traumatique peut être renforcée par des mécanismes biochimiques spécifiques.
Elle peut être influencée par des facteurs tels que l’âge, la durée et la gravité de l’agression, ainsi que la présence de facteurs de stress supplémentaires tels que la violence domestique ou l’isolement social. Les femmes victimes de violences sexuelles qui ont été soumises à des facteurs de stress supplémentaires présentent une mémoire traumatique plus forte et plus durable que celles qui n’ont pas été soumises à ces facteurs de stress.
Les souvenirs traumatiques peuvent être déclenchés par des stimuli environnementaux qui rappellent l’événement traumatique, ce qui peut entraîner des symptômes de l’ESPT, d’anxiété et de dépression. Ces souvenirs peuvent interférer avec les activités quotidiennes et sociales des victimes, perturbant leur capacité à fonctionner normalement.
La mémoire traumatique n’est pas toujours précise et peut parfois être altérée par des facteurs tels que l’influence de tiers, la suggestion ou la reconsolidation de la mémoire. Ces facteurs doivent être explorés lors de l’évaluation et des explications alternatives doivent être prises en compte.
Pour traiter les traumatismes psychologiques, il est important que les professionnels intervenants soient formés à la psychotraumatologie et à la thérapie de soutien et des soins appropriés aux victimes de traumatismes. On sait aujourd’hui que la parole ne suffit pas pour aider les victimes de traumatismes, car dans ces situations, le langage et la capacité de raisonnement sont désactivés. Les victimes revivent l’événement traumatique avec la même intensité émotionnelle qu’au moment du trauma, même des années plus tard.
Les mémoires dysfonctionnelles sont encapsulées et déclenchées au moindre rappel de l’évènement, comme si le trauma se reproduisait. Les techniques thérapeutiques efficaces incluent l’EMDR, la thérapie cognitivo-comportementale et la thérapie de l’exposition peuvent apporter un réel changement.De nombreuses études contrôlées et randomisées ont montré la supériorité de la thérapie EMDR dans le retraitement des traumas.
La prévention est bien sûr très importante dans la lutte contre les traumatismes. Les programmes éducatifs et de sensibilisation qui encouragent une culture de prévention, de soutien et de respect mutuel peuvent aider à prévenir ces événements. Avec le retraitement des traumatismes, les victimes peuvent recevoir l’aide dont ils ont besoin, ainsi que le soutien apporté par un thérapeute empathique pour se remettre de leurs expériences et reconstruire leur vie avec confiance et résilience.
Marie-Agnès Thulliez
Une vidéo très interessante du Dr Murielle Salmona sur les mémoires traumatiques :
Véritable torture des victimes de violence sexuelle, une interview BFM TV de Murielle Salmona, psychiatre, psychotraumatologue, victimologie.